Exposition (V) Bis J2
Doisneau et les Halles
Deuxième partie : Au fort de l'activité : les Halles : du coeur au ventre !
Vous le constaterez aisément : cette expo est "confortable" : on ne s'y marche
pas sur les pieds malgré la fréquentation : c'est que les pièces sont vastes et la
scénographie bien conçue.
"Prenez une langue, un morceau de tête de cochon, une tranche de veau piqué,
dit la charcutière patiemment"
(Emile Zola, Le Ventre de Paris, 1873)
Voici une photo de déjeuner sur le pouce qui me laisse pantoise :
Les jeunes filles ne semblent absolument pas gênées devant devant la boutique
du taxidermiste : l'accumulation de rats morts n'entame pas leur bel appétit !
Et autour, une curieuse humanité ...
et ses victuailles de toutes sortes : viandes, poissons, fruits, légumes ...
La marchande de frites, 1968.
"- Il ne vous faut rien autre chose ?
- Ma foi, puisque je me suis dérangée, dit la sarriette, donnez-moi une livre de
saindoux ... Moi, j'adore les pommes de terre frites, je fais un déjeuner avec deux
sous de pommes de terre frites et une botte de radis ... Oui, une livre de saindoux,
madame Quenu."
(Le Ventre de Paris)
On a l'impression qu'il s'agit d'un autre siècle, non ?
Ah, c'est vrai, il s'agit vraiment d'un autre siècle !
Mais je voulais dire, encore avant, non ?
Les poissons semblent remonter le cours de l'étal, non ?
(ce n'est plus comme ça, si ?)
"Il y avait encore des rougets de roche, à la chair exquise, du rouge enluminé des
cyprins, des caisses de merlans aux reflets d'opale, des paniers d'éperlans, de petits
paniers propres, jolis comme des paniers de fraises, qui laissaient échapper une
odeur puissante de violette"
(Le Ventre de Paris).
"Et derrière, les neuf autres tombereaux, avec leurs montagnes de choux,
leurs montages de pois, leurs entassements d'artichauts, de salades, de céleris, de
poireaux, semblaient rouler lentement sur lui et vouloir l'ensevelir, dans l'agonie de sa
faim, sous un éboulement de mangeaille.
(Le Ventre de Paris)
Les petits oignons La salade
1965 1967
"On ne voyait que l'épanouissement charnu d'un paquet d'artichauts, les verts délicats
des salades, le corail rose des carottes, l'ivoire mat des navets."
"Il s'étonnait du calme des maraîchères [...] Derrière lui, sur le carreau de la rue
Rambuteau, on vendait des frites. Des rangée de bourriches, de paniers bas, s'alignaient,
couverts de toile et de paille ; et une odeur de mirabelles trop mûres traînait."
(Le Ventre de Paris)
Rue Rambuteau, 1946
Aux Halles, on ne vendait pas que de la nourriture : on trouvait aussi tout un monde
végétal : fleurs, plantes vertes
(Aparté : cette photo a entre autres pour moi l'intérêt d'illustrer la célèbre appellation
des crémiers, il n'y a pas si longtemps : Beurre Oeufs Fromages, siglé aussi B.O.F.,
même si aujourd'hui, spontanément, cela évoque plutôt la bande originale de film ...)
Cette photo date de 1969 et m'étonne à deux titres : d'abord parce que je ne savais
pas qu'à cette date on trouvait déjà des sapins floconnés, et aussi parce que cela a
été pris en février !!!
FIN DE LA DEUXIEME PARTIE
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