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les rencontres de la photographie

"Finir en Beauté" !

Publié le par big-bear-photos

Je vous propose de visiter une surprenante exposition des Rencontres de la Photographie dans les sous-sols d'Arles, "Finir en Beauté" de Sophie Calle.

Mettez une petite laine, il fait frais (et sombre) dans les cryptoportiques

(Les cryptoportiques forment le soubassement, la partie cachée du forum, place publique centrale d'une ville romaine. C'est l’une des premières réalisations urbaines de la nouvelle colonie romaine fondée en 46 Av. J-C.)
Cliquez ICI pour en lire plus sur les cryptoportiques

"Finir en Beauté" !
"Finir en Beauté" !

Peu avant l’inauguration de mon exposition À toi de faire, ma mignonne au musée Picasso, à Paris, un orage a causé des dégâts dans ma réserve et des spores de moisissure se sont infiltrées dans Les Aveugles, une des séries qui devaient la constituer. Les restaurateurs se sont prononcés : afin d’éviter tout risque de contamination, il était préférable de détruire les œuvres. J’ai, dans l’urgence, pris le parti de mettre en scène leur absence. Pour un projet qui avait pour origine l’anniversaire de la mort de Picasso et se concluait en évoquant ma fin, cette décomposition faisait sens. Seulement ces aveugles avaient trop compté dans ma vie pour terminer la leur à la décharge. J’ai alors repensé à une idée de l’artiste Roland Topor d’inhumer un vieux chandail qu’il ne pouvait ni donner ni jeter.
Les cryptoportiques d’Arles se prêtent à une telle cérémonie : l’année précédente, durant les Rencontres, l’humidité qui y règne avait insidieusement attaqué les photographies exposées, et les champignons l’avaient emporté. Ce lieu, censé les protéger, avait paradoxalement agi comme un outil de destruction. Que cela se soit produit dans une ville qui joue un rôle majeur dans la préservation des images est pittoresque. J’ai donc imaginé que je pourrais ensevelir ici mes aveugles, afin qu’ils finissent de se décomposer et que leurs mots, qui ne parlent que de beauté, s’enfoncent dans les soubassements de la ville.
J’ai réalisé que la pourriture avait sélectionné ses victimes. À côté de ces regards qui ne voient pas, elle ne s’en était prise qu’à des projets qui évoquaient symboliquement la mort, comme s’ils avaient perdu leur immunité : des bouquets de fleurs séchées, des clichés de tombes, la photo de mon matelas sur lequel un homme s’est immolé, des tableaux qui déclinent le dernier mot de ma mère. Et puisque j’allais offrir une seconde mort à mes oeuvres agonisantes, j’ai aussi invité des choses de ma vie qui ne servent plus à rien mais que je ne peux ni donner ni jeter.
Sophie Calle

"Finir en Beauté" !

Je suis allé à Istanbul. J'ai parlé à des aveugles, dont la plupart avaient perdu la vue subitement. Je leur ai demandé de décrire la dernière chose qu'ils avaient vue.
(Sophie Calle)

"Finir en Beauté" !
"Finir en Beauté" !

Les objets rencontrent toujours votre obsession. Une fois que l'on a une obsession, on la rencontre à chaque coin de rue.
(Sophie Calle)

"Finir en Beauté" !
"Finir en Beauté" !

L'art est une manière de prendre de la distance. Les aspects pathologiques ou thérapeutiques existent, mais en tant que catalyseurs.
(Sophie Calle)

"Finir en Beauté" !
"Finir en Beauté" !

J'ai voyagé pendant sept ans et, à mon retour, j'étais complètement perdue. Je ne savais pas quoi faire de ma vie, alors j'ai décidé de laisser les gens décider pour moi. Pendant un mois, j'ai suivi des inconnus dans la rue. Pour le plaisir de suivre, pas parce que la fête m'intéressait. Je les ai photographiés à leur insu, j'ai noté leurs mouvements et je les ai finalement perdus de vue. Fin janvier 1980, j'ai choisi un homme et je l'ai suivi jusqu'à Venise. C'est ainsi que j'ai commencé. C'est tout.
(Sophie Calle)

"Finir en Beauté" !

En avril 1981, à ma demande, ma mère s'est adressée à une agence de détectives. Elle les a engagés pour qu'ils me suivent, qu'ils rapportent mes activités quotidiennes et qu'ils fournissent des preuves photographiques de mon existence.
(Sophie Calle)

"Finir en Beauté" !

Je ne me soucie pas de la vérité ; je me soucie de l'art, du style, de l'écriture et de l'occupation du mur. Pour moi, mon style d'écriture est très lié au fait qu'il s'agit d'une œuvre d'art sur le mur. J'ai dû trouver un moyen d'écrire des phrases concises et efficaces que les personnes qui se tiennent debout ou qui entrent dans une pièce puissent lire.
(Sophie Calle)

"Finir en Beauté" !


À mon âge, je me connais. Si je fais un projet, c'est une façon de m'aider. Je ne le fais pas pour des raisons thérapeutiques, mais je sais que la thérapie peut être un bénéfice secondaire.
(Sophie Calle)

"Finir en Beauté" !

Pour moi, l’œuvre d’art n’est pas un but en soi, c’est un prétexte.
(Sophie Calle)

 

J'espère que vous n'avez pas pris froid et avez apprécié la visite de cette mystérieuse exposition dans un lieu qui ne l'est pas moins !

_____________ Cliquez sur les images pour les voir en grand ____________________

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